Réactions sur le Rapport de la délégation aux Droits des Femmes du Sénat : « Porno : l’enfer du décor »

Le 27 septembre dernier, paraissait le rapport de la délégation aux Droits des femmes du Sénat, intitulé « Porno : l’enfer du décor » (lire le rapport). Ce texte issu d’un groupe de travail – composé pour partie de membres résolument et notoirement abolitionnistes – fait suite à un certain nombre d’auditions entre janvier et juin 2022. Si le parti pris affiché de certaines sénatrices nous laissaient craindre que le parti pris soit plutôt abolitionniste, nous n’avons pas été déçu.e.s tant le rapport caricature et vient déformer les propos mêmes de celles et de ceux qui ont donnés de leur temps pour répondre en audition. Le rapport vise plus à exprimer, face au constats de violences et aux problématiques du monde du porno, une réprobation et une volonté d’interdiction que des solutions concrètes pour protéger les actrices.

Face à ce texte, lequel a donné lieu à une récupération politique des associations abolitionnistes, il y a eu de nombreuses réactions dans le milieu associatif, militant et des professionnel.le.s qui travaillent sur les problématique du travail du sexe.

 

On peut noter cette tribune parue, le 14 octobre, sur le Blog Médiapart « Pornographie et violences sexuelles et sexistes : un autre programme féministe est possible » que notre association soutient et notre présidente a signé. En effet, suite à la publication de ce rapport, un collectif de 100 expert·es alerte sur les dangers du prohibitionnisme et propose une voie alternative fondée sur l’accès aux droits et à la santé des travailleurs·euses du sexe ainsi que sur l’éducation populaire, féministe et non moraliste à la vie affective et sexuelle. Dans ce texte, des spécialistes du sujet invitent à repenser les cadres non pour criminaliser toujours plus (et stigmatiser) mais pour protéger mieux.

Nous vous invitons à lire la tribune dans le lien : Tribune

 

En outre, les réactions nombreuses sur les réseaux sociaux prennent corps au-delà. Ainsi,  le sociologue Florian Vörös rend publique sa lettre de démission du Haut conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes (HCE) en date du 25 août 2022, afin d’alerter sur le manque de pluralisme démocratique et de rigueur scientifique dans le débat public sur la pornographie.

Il montre que, malgré son rôle institutionnel, les militantes abolitionnistes à l’oeuvre au sein du HCE imposent leurs agendas et leur vision au détriment d’études sociologiques et scientifiques. Les accusations portées à l’encontre d’un sociologue au parcours scientifique irréprochable sont terribles :

« Céline Piques, de l’association Osez le féminisme, a opposé son veto à ce projet de rapport, sur la base d’un argument qui aurait mérité une discussion de fond : les personnes qui envisagent la pornographie comme un objet culturel, comme moi, ou comme une représentation fictionnelle de la sexualité, comme la réalisatrice Ovidie, seraient dangereuses car elles banaliseraient la culture du viol. Au vu de la complexité des enjeux, j’ai émis le souhait qu’une méthodologie de discussion soit mise en place pour qu’une pluralité d’expertises féministes puisse s’exprimer sur cette question controversée ». 

Les militant.e.s abolitionnistes qui s’insèrent insidieusement dans toutes les institutions qui pourraient faire un travail de fond, objectif, permettant de quantifier les violences subies par les TDS, de documenter la réalité sociologique d’une population que ces courants abolitionnistes prétendent vouloir protéger.

Vous pouvez lire sa lettre ici : lettre de démission de F. Vörös

 

A lire : Pornographie et droit, Ouvrage collectif sous la direction du Réseau européen de recherches en droit de l’homme, Mare & Martin, coll. Droit et sc. politique, 2020 (24 euros, EAN : 9782849343746)

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